Après les fortes tensions observées cet été, la rencontre au sommet Chavez-Santos pourrait ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre la Colombie et le Venezuela. Cet article apporte des éclairages intéressants sur la situation entre les deux pays et le rôle joué par la diplomatie brésilienne et l'UNASUR en Amérique latine.
Par Francisco Dominguez, secrétaire de Venezuela Solidarity Campaign
Les relations déjà mauvaises entre le Venezuela et la Colombie ont empiré à la suite des accusations de Luis Hoyso, représentant du gouvernement Uribe à l’OEA (Organisation des Etats Américains), selon lesquelles le gouvernement vénézuelien abriterait des guérilleros colombiens (1500) et autoriserait sur son territoire des camps d’entraînement à la guérilla (85). Les preuves – déjà réfutées– de ce tissu de mensonges une fois encore venaient des « ordinateurs magiques » saisis par les forces militaires colombiennes lors de leur attaque militaire illégale du 1er mars 2009.
Chavez a réagi par la rupture des relations avec la Colombie, entraînant une nouvelle dégradation entre les deux nations, mais il a néanmoins envoyé son ministre des Affaires Etrangères pour assister à l’investiture de Santos. La réponse d’Uribe fut d’annoncer, la veille de cette investiture, que son gouvernement déposait une plainte formelle contre le Venezuela auprès du Comité Américain des Droits de l’Homme, et une autre contre le président Chavez lui-même auprès de la Cour Pénale Internationale. Par ailleurs, Uribe s’est déclaré prêt à témoigner devant la CPI contre Hugo Chavez.
Cependant, après d’intenses activités diplomatiques à l’initiative de UNASUR, Nicolas Maduro, ministre vénézuélien des Affaires Etrangères, Nestor Kirchner, président de UNASUR et Lula, président du Brésil (ce dernier ayant rencontré publiquement à la fois Hugo Chavez et Juan Manuel Santos au cours de diverses réunions séparées), ont réussi, en quelques jours, à transformer ce qui apparaissait comme une escalade inexorable vers une catastrophe, en un des retournements politiques in extremis des plus extraordinaires de l’histoire latino américaine récente.Pendant son investiture, Juan Manuel Santos a stupéfié le monde en annonçant que son gouvernement aurait comme priorité de chercher à réparer et normaliser les relations de la Colombie avec le Venezuela et l’Equateur.